Marie Le Moigne est une jeune femme de 29 ans qui s’excuserait presque d’accrocher ses œuvres sur les murs d’une galerie éphémère.D’ailleurs, ses œuvres ne s’accrochent pas, elles flottent, en lévitation, sur des murs qui n’en sont plus. Ici, pas de couleurs racoleuses, on navigue entre le noir et blanc et sa myriade de gris entre les deux. Et aussi des bleus qu’un certain Klein n’aurait pas renié. Surtout, on nage dans une forme de quiétude comme quand on fait la planche dans l’océan, les bras écartés, en regardant le ciel.Marie travaille différents médiums, photo, vidéo, peinture.« J’ai commencé la photo avec l’argentique, dit l’artiste. J’ai toujours apprécié le rapport à la mémoire, je me souviens avoir pioché dans les collections photographiques de mes grands-parents. En regardant mes photos, beaucoup m’ont dit qu’elles donnaient une impression de nostalgie, de mélancolie. »Oui, mais surtout pas de tristesse. Il y a un brin de romantisme dans le travail de Marie Le Moigne. Une forme d’abstraction sans le côté m’as-tu-vu triomphaliste et un peu trop lyrique de certains.Un monde stagnantDes rochers, un ciel. Ici, la figure humaine n’a pas sa place, l’espace est occupé par une nature à la fois forte et fragile. La frontière entre la peinture et la photographie ne tient qu’à un fil. « Les toiles sont aussi photographiques, je présente un monde stagnant et intemporel ». De fait, ses images sont chargées en grain. Volontairement, le motif est légèrement flou. Un travail poétique qui n’est pas sans rappelé l’œuvre de l’immense peintre allemand Gerhard Richter.Prof d’arts appliquésAprès avoir étudié typographie et vidéo à Bruxelles durant 5 ans, la jeune femme, originaire de Trévigon à Trégunc, a voulu revoir sa mer.Elle est donc revenue dans son sud-Finistère. Depuis quatre ans elle enseigne les arts appliqués et le design à de petits veinards du lycée du Paraclet à Quimper.Pour Marie, textes et images sont intimement liés. « Quand j’étais à Bruxelles, j’ai écrit un roman. Au départ il y a toujours l’écriture. » Elle aime Marguerite Duras, Jean-Luc Godard et Virginia Woolf. Le Nouveau roman et la Nouvelle vague. L’espace et le vide. Le grand saut dans l’inconnu. Une plongée en apnée.De façon subtile, l’œuvre de Marie Le Moigne demande que l’œil du spectateur s’y attarde longuement, paisiblement.Une invitation à un voyage immobile. Comme si quelqu’un avait appuyé sur la touche « PAUSE » sur la machine infernale d’un monde bruyant où tout va trop vite.Expo, visible du lundi au vendredi, à la rédaction Ouest-France de Quimperlé, au 12 rue Génot, aux heures d’ouverture de bureau jusqu’au 31 décembre.