"Suite à notre appel à candidatures en partenariat avec Wipplay et le Théâtre National de l'Opéra Comique, nous avons sélectionné six photographes pour qu'ils et elles photographient l'Opéra Comique à Paris. Avec sa pratique qui fait dialoguer arts visuels et littérature, la photographe Marie Le Moigne a répondu présente au rendez-vous.
Elle s'est emparé de notre pellicule Fantôme Kino B&W 8 ISO pour réaliser une série de photographies qui s'inspire de la structure d'un opéra et qu'elle a intitulée « La Dame Blanche rêve en silence ». Rencontre avec l'artiste."
Elle s'est emparé de notre pellicule Fantôme Kino B&W 8 ISO pour réaliser une série de photographies qui s'inspire de la structure d'un opéra et qu'elle a intitulée « La Dame Blanche rêve en silence ». Rencontre avec l'artiste."
Pourrais-tu te présenter aux lectrices et lecteurs du Magazine Lomography ?
Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Marie Le Moigne. J’ai effectué des études en typographie - édition et photographie contemporaine à l’école de recherche graphique en Belgique (Bruxelles). Aujourd’hui, je suis enseignante en design et métiers d’art et artiste pluridisciplinaire dans le sud Finistère. Ma pratique artistique gravite autour des dialogues que peuvent établir les arts visuels et la littérature (image, texte, langage). Mon objectif est de réfléchir et d’inviter les lecteurs-rices/spectateurs-rices à entrer dans un espace intime : celui des mots et des images. La photographie est l’un de mes principaux médiums. En effet, je me souviens avoir toujours voulu photographier : voir à travers. Voir le monde à travers l’objectif me permet en un sens de le garder en mémoire, de me l’approprier à ma manière. J’ai souvent photographié ce que je ne pouvais pas écrire. Et inversement.
Cette année, j’ai eu la chance d’exposer une série photographique sur la thématique des sorcières à l’Université Paris 8 dans le cadre d’un festival culturel et scientifique. Cet été 2022, j’expose deux photographies à la galerie Giardi à l’occasion de la Biennale de design de Saint-Étienne. Et j’exposerai prochainement à Paris 13e (Butte aux Cailles) et dans les Vosges (association Le Balcon Fontenoy-le-Château) une sélection de photographies argentiques.
D’autres part, j’essaye de m’engager et de me questionner, par le biais de publications dans diverses revues d’art et de design, dans une réflexion sur des enjeux sociétaux tournant autour du féminisme, du corps, de la mémoire ou encore de l’environnement. (2016 - fanzine Clit-Club - Montréal ; 2021 - En marges - Paris ; 2021 - FéminÉtudes - Montréal UQAM…)
Voici quelques axes et indices sur mon travail :
[ L’IDENTITÉ, LA FÉMINITÉ ] À travers une recherche de l’identité mêlée au tumulte du monde : des images du corps écrits, nu, sans apparat. Le corps et le monde à la fois se séparent et se lient. Je m’interroge sur les liens poétiques s’unissant entre l’être humain, la nature et la matière. Les moyens et matériaux s’accumulent, subissent les assauts de l’extérieur, et, le corps, quant à lui, subit les griffures du temps.
[ MATIÈRE ] J’utilise la matière brute, organique et corporelle comme une écriture. Écrire à même la matière un moment, des instants, une poésie, des proses, des mots, des sonorités. La gestuelle du peintre et de l’écrivain(e) en même temps est retranscrite dans des oeuvres cryptées aux lectures variables et intimes.
[ LE LANGAGE & L’ÉCRITURE ] Créer un nouveau langage, celui qui questionne son essence. Quel est le langage partagé entre un corps et son environnement. Quelle trace, laisse t’il derrière lui et dans ce dernier ? Des images à la fragilité singulière se dégage de cette recherche, elles baignent dans une atmosphère épurée, silencieuse. On plonge dans un univers à la frontière entre le rêve et la réalité, dans un dialogue entre le paysage et le corps.